"Les Elus Locaux Contre le Sida" se sont réunis au Sénat, ce samedi 25 novembre 2006 à l'occasion de leurs 11èmes Etats Généraux, sous la Présidence et en présence de Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée Nationale et autour de Jean-Luc ROMERO, Président fondateur de l'association et Conseiller Régional d'Ile-de-France.
A l'aube de ce 1er décembre, [Journée Mondiale de Lutte Contre le Sida] ce fut l'occasion de dresser un bilan et
des perpectives d'actions sur un sujet malheureusement encore "tabou" dans notre société française.
Les différents intervenants nous ont rappelé que "le SIDA se soigne aussi par la
Politique...". Ainsi, au vu des enjeux de santé publique avec notamment le problème du vieillissement de la population française et de ses conséquences
[notamment pour les personnes séropositives], la question [du SIDA] mérite qu'elle soit beaucoup plus
clairement posée par les candidats à la Présidence de la République à la veille de ces prochaines échéances électorales.
Jean-François Delfraissy, directeur de l'A.N.R.S nous a rappelé l'étendu du désastre ; En France, chaque année [entre 8000 et 9000 personnes] sont nouvellement
contaminées. Ainsi chez les jeunes populations homosexuelles et chez les Migrants la part du poucentage des nouvelles contaminations nous explose à la figure. Par conséquent, le maître
mot des intervenants est "cibler, sans stygmatiser".
Cependant, une certaine forme de discrimination consciente ou inconsciente "d'un autre temps" semble apparaître dans certains établissements hospitaliers
accueillant des personnes se faisant soigner. Ainsi, on assiste parfois à une certaine forme de stygmatisation par le personnel de ses établissements ; un médecin
cite l'exemple de son établissement accueillant un pubic de migrants d'origine africaine [se faisant soigner] qui par voie de conséquence devient dans le discours un
"Hospital noir" pour ses salariés ! Avec aussi parfois un double et étrange language, [dualité], entre le Ministère de la Santé et ses services décentralisés, les DDASS en
régions dû à une politique de baisse des crédits en direction des hospitaux, qui conduit à des types de réflexions à la fois simplistes et consternantes : "Pourquoi ne vont-il
pas se faire soigner dans leur pays ?"
Et en dehors de nos frontières quel constat ? Le VIH explose aussi à l'Est et en Russie, soit 1 million de personnes contaminées à nos portes et pour lequel nous
nous ne pouvons rien faire ; nous constatons malheureusement un grand échec de la prévention dans ces pays. La Chine semble aussi reconnaître l'étendue du désastre par la recconnaissance du
problème par ses représentants politiques.
Une bonne nouvelle ? Il semble que les industries pharmaceutiques par contre jouent, elles, leurs rôles pour produire de nouveaux produits de soins avec une certaine
persistance.
Le Ministre de la Santé, Xavier Bertrand présent et clôturant ces états généraux, nous informe que des actions de communications ciblées auprès de ces différentes
populations vont [enfin] se mettre en place : éditeurs de sites de rencontres, établissement accueillants les différents publics concernés, mais aussi des messages de
présention dans les films pornographiques, des préservatifs disponibles notamment en pharmacie ou Bureau de tabac notamment à 20 centimes d'euro l'unité etc...
Les différents intervenants présents aux XI Etats Généraux : Mr Alain Fouché, sénateur de la Vienne, représentant M. Christian Poncelet, Président du Sénat. M. Jean-Paul
Huchon, Président du Conseil Régional d'Ile-de-France, M. Didier Jayle, Président du MILDT, Dr William Lowenstein, Directeur de l'Institut Maurice de Rosthchild, Dr Daniele Zullino, Chef de
Service du PEPS (Genève), M. Gilbert Manouan, Président de AMICAAL Côte d'Ivoire et Maire de la commune de Maféré (Côte d'Ivoire), M. Jean-Edouard Lipa, artiste et sans oublier la présence
remarquée des choeurs "Melo'men" en hommage aux victimes du sida.
Je terminerai en laissant la plume de Jean-Luc ROMERO s'exprimer en évoquant les restrictions à la liberté de circulation des personnes séropositives dans la moitié des états membres de l'ONU :
"...des mesures discriminatoires à l'encontre de la liberté de circulation des personnes séropositives sont appliquées. Dans 11 pays, dont les Etats-Unis et la Russie, les
personnes séropositives sont tout simplement interdits d'entrer sur le territoire national. Dans d'autres pays comme l'Australie, le Canada, la Chine ? un test VIH négatif est obligatoire pour
séjourner dans le pays au-delà d'un certain temps.
Même au sein de l'Union européenne, la Belgique, la Grèce ou l'Autriche appliquent des mesures discriminatoires aux ressortissants hors Union européenne. Ces restrictions
discriminatoires à la liberté de circulation sont le symbole même de la sérophobie : elles démontrent bien que ces pays ont peur du malade alors que c'est exclusivement contre la maladie qu'ils
devraient agir. Faudrait-il rappeler que le sida est une maladie transmissible mais non contagieuse ? L'existence de barrières liées au statut sérologique VIH des voyageurs est totalement
intolérable. En effet, comment accepter que plus de 40 millions de personnes soient privées de leur droit élémentaire de libre circulation du seul fait de leur état de santé, du fait qu'elles
soient porteurs d'un virus? Comment accepter, par exemple, que les personnes séropositives ne puissent légalement se rendre au siège des
Nations-Unies, situé à New-York, donc dans un pays qui refuse l'entrée aux personnes séropositives, alors que l'ONU a pour mission de promouvoir le respect des droits de l'homme au niveau mondial
? ..."
Lettre ouverte à George W. BUSH
Monsieur le Président,
Les Etats-Unis d'Amérique imposent depuis les années quatre-vingt une restriction d'entrée de son territoire aux personnes séropositives au
VIH/SIDA.
Permettez-moi d'affirmer, monsieur le Président, que cette politique est humiliante, inefficace et dangereuse.
Elle est humiliante, car elle stigmatise les personnes séropositives américaines qui ne se sentent tolérées aux Etats-Unis que parce qu'elles sont nées américaines et prive de la liberté
fondamentale d'aller et venir 40 millions d'enfants, de femmes et d'hommes à travers le monde qui ne sont pas des délinquants.
Elle est inefficace car les personnes séropositives qui souhaitent séjourner aux Etats-Unis ou y transiter mentent lorsqu'elles remplissent les formulaires d?immigration et cachent leurs
médicaments dans leurs bagages.
Elle est dangereuse car elle conduit les populations à ne pas se faire dépister, puisque dans l'ignorance de son statut sérologique, un irresponsable jouit de plus de libertés qu'un
responsable qui assume sa séropositivité, se soigne, se protège et protège ses partenaires.
Monsieur le Président, alors que nous allons célébrer, comme chaque 1er décembre, la journée mondiale de lutte contre le sida, alors que le 1er janvier 2007 le nouveau secrétaire général des
Nations-Unies, M. Ban Ki-moon doit prendre possession de son administration dont le siège est à New-York et donc inaccessible aux fonctionnaires
internationaux séropositifs, je vous demande de bien vouloir lever toutes les restrictions de circulation qui frappent injustement les personnes séropositives et traitent les malades comme
des délinquants.
Monsieur le Président, ne faites pas regretter à la France d'avoir offert à votre pays La liberté éclairant le monde. Luttez contre la maladie et non contre les
malades.
Je vous prie d'agréer, monsieur le Président, l?expression de mes sentiments les plus respectueux.
Jean-Luc Romero
Président d'Elus Locaux Contre le Sida
Membre du Conseil national du sida
Chevalier de la Légion d'Honneur
Pour connaitre cette association : http://www.elcs.fr
Retranscrit par Lauric Duvigneau